Danse (exposition collective)

Photographies autour du monde par: Joseph Caprio - Anne-Sophie Gigan (affiche) - Gilles Galoyer - Phil Deloole - Christian Rausch - François-Marie Périer

« Ô jour, lève-toi, des atomes dansent / Les âmes, éperdues d’extase, dansent / À l’oreille, je te dirai où l’entraîne la danse / Tous les atomes qui peuplent l’air et le désert / Sache bien qu’ils sont épris comme nous / Et que chaque atome heureux ou malheureux / Est étourdi par le Soleil de l’Âme Universelle. » Rûmî, Rubai'yat

Tous les peuples anciens, toutes les anciennes cultures dont les yeux et les âmes étaient ouverts sur la Nature et l’Univers ont parlé du monde comme une danse. Danse visible des formes, des saisons se fondant les unes dans les autres, des astres, et des êtres qui se trouvaient, s’aimaient et se mariaient par les fêtes où la danse apportait l’ivresse et la sagesse nécessaires aux révélations par l’émotion, l’émulsion de nos poussières, atomes et étoiles intérieures.

Nous avons quitté la fixité terrienne de la Vierge et l’automne de la Balance, aérienne et vénusienne, en éternelle quête d’harmonie dans la beauté cuivrée des arbres s’abandonnant avec grâce, nous guide. Pleine Lune.

Quatre photographes pour dire quatre éléments, la danse des contraires dont parlait Héraclite, au cœur de toute Vie.

Joseph Caprio, c’est la Genèse stellaire de l’énergie noire quittant le brouillage premier, sable ou onde aux plages du Cosmos, encore noir et blanc, séparation. La ligne et le point deviennent étoile féminine, car la Shakti, la Puissance ou l’Energie est de cette nature, nous dit l’Inde à la mémoire insondable. Flocon d’écume descendant de la Voie Lactée, le grand fleuve des âmes. Telle est aussi la déesse Gange descendue abreuver la Terre au risque de la briser, cascade blanche, tourbillon nécessaire à tout déploiement, difficile parfois où l’œuf, le fœtus, la graine se trouve trop enchâssée dans la matière comme un Esclave de Michel-Ange. Sur la scène, corrida amoureuse où le rouge d’un sang vif qui ne coule que par amour se perfuse vers ceux et celles où la vie du corps s’est figée en roulant.

Anne-Sophie Gigan exprime par ses instantanés la certitude que l’âme, sertie dans le matière, n’est jamais autant joyau, joyeuse, que lorsqu’elle en est sortie en l’entraînant dans l’harmonie d’un Tout qui est celui de la Nature ou de toute Culture : architecture des arbres, des cités ou des hommes ou texture des vêtements épousant nos peaux et nos chairs réveillées par un souffle, une ligne, une spirale. Mise en lumière des danseurs et danseuses, étoiles filantes résistant à nos denses atmosphères, âmes sœurs qui en réalisant leurs vœux, rendent justice à nos rêves.

Une seule photo de François-Marie Périer, l’Inde, où trois femmes disent le passé, le présent, l’avenir, comment nous sommes faits d’argiles tournant avec la Terre sur le tour d’un potier, d’or et de tissages dans le voile magique de Mâyâ, constellés.

Gilles Galoyer nous fait passer du roc d’Angkor au Rock, de l’immobilité de la pierre gravée d’une tradition sacrée où la danseuse céleste est l’Apsara, ‘Sortie des eaux’, comme Aphrodite-Vénus, pour ravir l’homme en lui donnant le souvenir du Ciel et de l’Océan et l’oubli de la Terre ou au contraire faire en sorte qu’il s’attache à nouveau à ce monde, car la danse libère ou ensorcèle et fait perdre parfois leurs têtes jusqu’aux prophètes. De l’Extrême-Orient à l’Extrême-Occident, les géométries et les lois intangibles des corps ou des couples ont balancé et roulé et volé en éclat, comme l’atome, et on cherche à nouveau le salut dans la fusion, non la fission. La danse, comme la musique, son secret, n’a jamais cessé de déployer ses possibles en balayant d’un seul souffle l’idée que tout a déjà été dit et qu’il n’est rien de nouveau sous le Soleil. Et même si c’était vrai, qui se souvient de tout ? F.M.P.

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Création de l'affiche par la galerie La Vina, photo Anne-Sophie Gigan.